Le XIXe Sommet de la Francophonie s’est tenu à Villers-Cotterêts et à Paris les 4 et 5 octobre, il a réuni les chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage.
Malgré le fait qu’une place congrue était réservée à la société civile à ce Sommet, le Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation (CSFEF) a réussi à faire entendre sa voix en faisant parvenir une déclaration aux chefs d’État des pays francophones dans laquelle il leur demandait d’investir davantage dans l’éducation publique et de mettre en œuvre les recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies, qui visent notamment à offrir des salaires compétitifs, équitables et professionnels pour les enseignantes et enseignants ; à assurer un financement équitable de l’éducation et à investir durablement dans la profession enseignante ainsi que dans le personnel professionnel et de soutien ; et de mettre fin aux mesures d’austérité qui affectent l’éducation.
Cet appel du CSFEF a été entendu. En effet, la Déclaration du XIXe Sommet de la Francophonie consacre un chapitre à « La langue française au service d’un continuum éducation-formation-employabilité », dans lequel les chefs d’État et de gouvernement déclarent : « [Nous] réaffirmons notre attachement à l’enseignement du et en français et saluons le rôle déterminant des enseignants et des communautés scolaires. Assurons de notre engagement au côté de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour développer les actions de formations linguistiques et pédagogiques, afin d’augmenter significativement le nombre d’enseignants formés pour une éducation de qualité pour tous. »
La Francophonie syndicale
Pendant que les chefs d’État et de gouvernement étaient conviés au Sommet de la Francophonie, plusieurs activités ont été organisées à Paris pour l’occasion. En tant que personne déléguée par le CSFEF et en qualité d’ex secrétaire-général de l’organisation, Luc Allaire a pu participer et prendre la parole lors d’un événement organisé par la Confédération syndicale internationale (CSI) et Force Ouvrière le 3 octobre. Il a alors dénoncé le virage de l’OIF vers le libéralisme économique depuis le Sommet de 2018.
Actuellement, le CSFEF est la seule organisation syndicale accréditée par l’OIF. Cet événement organisé par la CSI était l’occasion de rappeler qu’il est urgent que le mouvement syndical soit davantage représenté à l’OIF, comme c’est le cas dans d’autres organisations internationales comme l’Organisation Internationale du travail et l’OCDE.
D’où l’importance que la CSI appuie les initiatives des syndicats de l’éducation des pays francophones et qu’elle travaille conjointement avec le CSFEF pour que le mouvement syndical ait une voix forte au sein de l’OIF.
Consolider la paix dans l’espace francophone
Le 6 octobre, la Conférence des OING de l’OIF a invité Luc Allaire à prendre la parole lors d’une table ronde sur la paix dans l’espace francophone. Il a alors souligné le fait que les médias parlent beaucoup des guerres au Moyen Orient et en Ukraine, mais ne parlent quasiment jamais de la guerre qui sévit à l’Est de la République démocratique du Congo, qui a causé plus de 10 millions de morts et entraîné des millions de personnes déplacées et réfugiées et de nombreuses mutilations sexuelles aux femmes.
Les chefs d’État et de gouvernement ont adopté, lors du Sommet de la Francophonie une résolution sur les situations de crise, de sortie de crise et de consolidation de la paix dans l’espace francophone, dans laquelle ils ont condamné « tous les massacres des populations et les bombardements des camps de déplacés, commis sur le territoire de la RDC ».
Toutefois, le Rwanda n’a pas validé les passages de la résolution qui condamnent « tous les groupes armés opérant en RDC et tout soutien extérieur apporté à ces groupes, notamment, tout appui militaire extérieur ; qui condamnent également toute intervention militaire étrangère non autorisée et demandent le retrait immédiat des forces militaires non autorisées par le gouvernement de la RDC sur son territoire ».
De son côté le président de la RDC, jugeant que la résolution n’allait pas assez loin, a décidé de ne pas participer au huis clos des chefs d’État.
Dans son allocution, Luc Allaire a rappelé que les médias parlent très peu également des conflits au Sahel qui touchent le Burkina Faso, le Niger et le Mali. Pourtant les attaques djihadistes ont semé la mort et la destruction et provoqué la fermeture de centaines d’écoles. Que fait l’OIF devant cette situation ? Elle a décidé de suspendre ces pays au lieu d’entreprendre des démarches diplomatiques pour favoriser un retour à la démocratie à la suite des coups d’État qui ont affecté ces trois pays. La résolution se borne à réitérer la disponibilité de l’OIF au dialogue en vue d’accompagner ces pays vers un retour plus rapide à l’ordre constitutionnel et démocratique.
Enfin, il a abordé la situation en Haïti où se perpétuent les violences des gangs armés contre la population, entrainant le déplacement forcé de plusieurs centaines de milliers de citoyens haïtiens.