Le Québec, l’une des dix provinces canadiennes, occupe une place importante sur la scène internationale francophone. Avec son système d’éducation accessible et de qualité, il est reconnu par la vigueur de sa mobilisation syndicale dans le domaine de l’éducation. Cet article propose donc un tour d’horizon des enjeux actuels en éducation et en enseignement supérieur, tout en explorant les différentes revendications politiques, alors que la province s’apprête à vivre une année électorale.

Contexte politique : rupture de l’équilibre des relations de travail

À l’hiver 2025, le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet, a déposé un projet de loi pour limiter l’impact des grèves et des lockout sur la population. Cette réforme, qui concerne les grèves dans les secteurs éducatifs, municipaux et privés, a eu l’effet d’une onde de choc chez les travailleuses et les travailleurs.

Voyant une rupture claire dans l’équilibre des relations de travail acquis durement au cours des années de luttes syndicales, des dizaines d’organisations syndicales au Québec se sont rapidement opposées à cette réforme.  Alors que le ministre du Travail affirme que les droits des travailleuses et des travailleurs ne sont pas attaqués, les organisations syndicales et leurs membres dénoncent une atteinte sérieuse au rapport de force.

Un droit constitutionnel et fondamental

Le droit de grève est un droit constitutionnel et fondamental. C’est un moyen de pression utilisé par les travailleuses et les travailleurs, qui permet de faire entendre leur voix au gouvernement et qui maintient un équilibre vital dans le rapport de force entre travailleurs et employeurs.

Alors que les règles du jeu ont été favorables au gouvernement durant des dizaines d’années, ce ne fut pas le cas lors de la dernière négociation. Plusieurs organisations syndicales y voient un lien dans la volonté soudaine du gouvernement d’imposer cette réforme. Il craint de revivre une telle mobilisation historique, soutenue par la population, qui a mené à un règlement favorable aux travailleuses et aux travailleurs.

Les principales actualités en éducation au Québec

Pour continuer, à l’aube de la rentrée scolaire 2025, les organisations syndicales québécoises ont mis de l’avant plusieurs dossiers en éducation, dont la portée dépasse les frontières provinciales et fait écho aux enjeux syndicaux en matière d’éducation, au sein de la francophonie internationale.

Une hausse de la violence

La violence dans les écoles nécessite des actions immédiates. Les statistiques de violence dans les milieux de l’éducation sont en hausse et les organisations syndicales revendiquent des actions rapides et fortes de la part de leur gouvernement. Le gouvernement veut donc mettre en place un cadre d’intervention qui permettra d’établir des balises claires pour l’ensemble du réseau scolaire.

Un cadre d’intervention important

Ce cadre d’intervention est vu comme un gain important de la part de tout le personnel pour plusieurs raisons. Toutefois, on déplore que la majorité des outils existants soit orientée vers la violence entre les élèves, alors qu’on ignore la violence commise à l’égard du personnel. Pourtant, cette violence a des conséquences physiques, psychologiques et sociales pour les personnes qui la subissent et peut, ultimement, nuire à l’exécution de ses fonctions.

Il est essentiel de préciser les actions à mettre en place à court terme dans des situations où le personnel subit des gestes de violence, tout en demeurant conscient du milieu éducatif où elles se produisent.

Les écrans dans les écoles

Au Québec, depuis janvier 2024, l’utilisation des téléphones cellulaires en classe est interdite en raison des conséquences sur la concentration et le contrôle de l’attention des élèves. Cependant, la gestion des écrans s’ajoute à la tâche du personnel et demande une profonde réflexion sur le type de milieu de vie que l’on souhaite cultiver à l’école.

Face à la montée de la cyberintimidation, des conséquences sur la santé mentale et l’hygiène de vie des jeunes, les organisations syndicales s’entendent pour demander la mise en place d’un cadre d’utilisation et de formation pour tout le personnel et les élèves.

L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA)

  • De son côté, l’utilisation, par les élèves et le personnel, de l’intelligence artificielle dans le milieu scolaire est en constante augmentation. Les milieux syndicaux pressent les gouvernements du Québec et du Canada de légiférer pour que les balises soient claires.
  • Plusieurs questions doivent être posées. Quels sont les avantages pédagogiques de ces outils? Comment pouvons-nous anticiper les effets de l’IA et nous y préparer adéquatement? Quels seront les impacts sur nos milieux de travail en éducation?
  • La liberté académique en enseignement supérieur

Le domaine de l’enseignement supérieur est marqué par plusieurs entraves gouvernementales. En effet, il a été révélé que la ministre québécoise de l’Enseignement supérieur a questionné la pertinence du contenu d’au moins deux cours qui abordaient la situation en Palestine, déclenchant deux enquêtes dans les collèges concernés.

Selon les syndicats, il s’agit d’une atteinte importante à la liberté académique.

Des préoccupations partagées

D’autre part, la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ) a réalisé un sondage démontrant que les professeures et professeurs de cégep partagent les mêmes préoccupations que leurs homologues universitaires en matière de liberté académique. Les risques d’entraves à la liberté académique sont de plus en plus accrus, notamment en raison de la situation aux États-Unis. Il devient nécessaire de renforcer les mesures législatives, particulièrement pour protéger les personnes qui partagent des partenariats de recherche avec ce pays.

Les actrices et acteurs syndicaux québécois demandent que soit élargie la portée de la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire, adoptée en 2022, afin qu’elle s’applique également aux collèges. Les syndicats du Québec membres du Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation (CSFEF) continuent donc de se mobiliser sur ces enjeux, notamment en participant à la dernière conférence de l’International de l’Éducation (IE), ayant pour thème « Savoir et pouvoir : la lutte internationale pour la liberté académique ».

Restreindre les étudiants internationaux

En terminant ce tour d’horizon sur le Québec, il est important de mentionner que le gouvernement a choisi d’imposer des plafonds pour l’accueil des personnes étudiantes étrangères pour diverses raisons politiques. Cette position a rapidement été dénoncée par les actrices et les acteurs des milieux collégiaux et universitaires, déplorant une perte de richesse des collaborations diversifiées.

Plusieurs syndicats ont dénoncé ces politiques envers les populations immigrantes et ont déploré que les gouvernements du Québec et du Canada multiplient les interventions sur la question de l’immigration sans mesurer l’effet réel des impacts de leurs politiques.

À venir au Québec

Le Québec connaîtra des mois de campagne électorale pour l’année à venir. Les syndicats membres du CSFEF suivront de près le déroulement de la joute politique et s’assureront que les priorités en éducation soient respectées, autant pour les conditions de travail du personnel que pour la qualité des services éducatifs offerts à la population québécoise.