L’Afrique de l’Est regroupe des pays tels que le Rwanda, le Burundi, Maurice, Madagascar, le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, les Comores, Djibouti, l’Éthiopie, l’Érythrée et les Seychelles. Elle est bordée à l’ouest par les Grands Lacs africains et à l’est par l’océan Indien. La région se distingue par sa grande diversité géographique, culturelle et politique.
Si certains États affichent une stabilité relative et des institutions en développement, d’autres sont confrontés à des défis majeurs, comme l’instabilité politique, la précarité économique, ou encore les tensions liées aux droits syndicaux. L’éducation y est souvent au cœur des préoccupations, tant en raison de son rôle central dans le développement que les difficultés d’accès et de qualité.
Sur le plan syndical, plusieurs organisations œuvrent activement pour la défense des droits des enseignants, malgré des contextes parfois hostiles. Le Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation (CSFEF) y compte plusieurs membres engagés dans la promotion d’une éducation publique de qualité et dans la lutte contre les injustices sociales.
La situation à Maurice
Les élections générales du 10 novembre 2024 ont provoqué un important changement politique à Maurice. Le nouveau gouvernement, élu sur une promesse de renouveau, s’est engagé dans une dynamique de transformation à tous les niveaux, ce qui a suscité l’adhésion d’une large part de la population.
Dans le domaine de l’éducation, un nouveau ministre a été nommé. Ce dernier se montre ouvert aux consultations et au dialogue, ce qui représente une avancée majeure selon les syndicats du secteur. Des rencontres ont déjà eu lieu entre les partenaires syndicaux et le ministère, dans une ambiance jugée constructive.
Les discussions en cours portent principalement sur une amélioration des conditions de travail et sur une révision attendue des salaires dans l’ensemble de la fonction publique. À noter également : la création d’un ministère distinct pour l’enseignement tertiaire (enseignement supérieur et écoles polytechniques), une avancée saluée par le milieu syndical. Selon les syndicats, « tout marche bien » et les représentations syndicales sont « positivement considérées ».
La situation à Madagascar
La situation sociopolitique du pays reste relativement stable, mais le portrait syndical est préoccupant. Le ministère de l’Éducation est fragilisé par une absence de recrutement depuis trois ans, particulièrement d’enseignants, non-fonctionnaires, qui peinent à être intégrés dans la fonction publique. Les agents non encadrés se retrouvent dans une grande précarité.
Le climat est tendu : le gouvernement n’hésite pas à menacer de mutation ou de suspension de solde ceux qui osent contester publiquement les décisions de l’administration. Les syndicats « jaunes », plus ouverts à collaborer avec l’employeur, demeurent influents et freinent le travail des organisations syndicales indépendantes.
Dans ce contexte difficile, les syndicats misent sur la collaboration avec d’autres organisations partageant leur vision pour renforcer leur capacité d’action. Comme le résume un représentant syndical : « Il est nécessaire pour nous de rassembler notre force ».
La situation au Rwanda
Le Syndicat des enseignants et autres personnels de l’éducation (SYNEDUC) du Rwanda a connu une année 2025 bien remplie. Sur le plan du recrutement, le syndicat a enregistré l’adhésion de 300 nouveaux membres grâce à divers ateliers et formations menés avec des représentants scolaires, des employeurs et des inspecteurs du travail. Malgré l’absence de mécanisme de prélèvement direct dans certaines écoles, un accord a été signé avec des banques pour faciliter les cotisations par ordres permanents.
Le syndicat a également obtenu des gains concrets :
- Des négociations avec le Rwanda Education Board (REB), appelé Conseil scolaire du Rwanda (CER) en français, ont permis aux enseignants du privé d’accéder à des formations professionnelles.
- Vingt-cinq écoles privées ont été réunies pour discuter des conditions de travail avec les inspecteurs du travail.
- Plusieurs écoles ont accepté une hausse de 3 % des salaires, en lien avec une nouvelle contribution obligatoire au fonds de sécurité sociale.
Sur le plan juridique, le SYNEDUC a remporté quatre procès liés à des congédiements abusifs, avec des indemnités supérieures à cinq millions de francs. D’autres affaires sont en cours.
Enfin, le SYNEDUC s’est illustré dans la campagne d’Education International « Go Public Fund Education » (La force du public : Ensemble on fait école!), en organisant une conférence avec des parlementaires et des partenaires de l’éducation afin de réclamer une augmentation du budget de l’éducation. Le syndicat a également procédé à un amendement de sa constitution pour l’adapter aux nouvelles réalités réglementaires du Rwanda.
La situation au Burundi
Le Burundi traverse une période d’incertitude, notamment en raison de la guerre à l’est de la République démocratique du Congo. Ce conflit entraîne des répercussions directes sur les frontières et l’économie, notamment en provoquant une inflation galopante et une pénurie de carburant.
Le climat syndical reste contraint : les droits syndicaux sont restreints et le droit de grève interdit. Toutefois, des revendications salariales ont porté fruit. Le salaire des enseignants du primaire est passé de 30 à 100 USD, une évolution significative selon les syndicats.
Le Syndicat des travailleurs de l’enseignement du Burundi (STEB) continue de structurer son action, notamment avec un nouveau système de collecte des cotisations, remplaçant ainsi le prélèvement des contributions syndicales à la source, qui a été suspendu par le gouvernement. Le syndicat a pu conserver 8 000 membres sur les 12 000 d’avant la réforme.
Les relations avec l’Internationale de l’éducation restent solides, notamment dans le cadre des projets de lutte contre le travail des enfants et d’amélioration de la santé et sécurité en milieu scolaire. À noter : le STEB a tenu son 7e Congrès en octobre dernier. Plus d’informations, ici
Une région dynamique en quête de justice éducative
Malgré des contextes nationaux très différents, les syndicats de l’Afrique de l’Est partagent une même volonté : défendre les droits du personnel enseignant et promouvoir une éducation publique de qualité. Entre espoirs de réformes, obstacles politiques et initiatives syndicales inspirantes, ces organisations continuent de jouer un rôle essentiel pour bâtir un avenir plus juste et équitable pour tous les élèves de la région.